Le nouvel accord conclu par Google pourrait stimuler le développement de petits réacteurs modulaires, à condition qu’ils fonctionnent.
Lundi, Google a annoncé un accord avec Kairos Power pour l’achat d’énergie nucléaire provenant de plusieurs petits réacteurs modulaires (SMR), ce qui constitue le premier accord de ce type. Le partenariat vise à mettre en service le premier SMR de Kairos Power d’ici 2030, avec des déploiements de réacteurs supplémentaires prévus jusqu’en 2035, bien qu’aucun SMR fonctionnel n’ait encore été construit aux États-Unis. Face à la demande croissante d’énergie de l’IA, Google n’est pas le seul à encourager le développement de sources d’énergie alternatives et non polluantes.
“Le Réseau a besoin de nouvelles sources d’électricité pour soutenir les technologies de l’IA”, a déclaré Michael Terrell, directeur principal de l’énergie et du climat chez Google, dans un communiqué de presse. “Cet accord contribue à accélérer une nouvelle Technologie pour répondre aux besoins énergétiques de manière propre et fiable et libérer le plein potentiel de l’IA pour tout le monde.”
Si le projet Google-Kairos parvient à créer des réacteurs fonctionnels, il permettra d’ajouter jusqu’à 500 MW d’énergie sans carbone aux réseaux électriques américains. Pour Google, il s’agit d’une étape essentielle pour que sa course effrénée vers des Applications d’IA gourmandes en énergie (et parfois douteuses) paraisse écologiquement propre et éthique, à une époque où le monde a vu les effets météorologiques dévastateurs du changement climatique.
Cependant, comme nous l’avons déjà signalé, le succès des SMR n’est pas garanti, et Kairos Power doit encore créer une démonstration fonctionnelle de la technologie. En juillet, Kairos a donné le premier coup de pioche de son réacteur de démonstration non motorisé “Hermes” dans le Tennessee, après avoir reçu un permis de construire de la part de la Commission de réglementation nucléaire des États-Unis, et prévoit de le mettre en service d’ici 2027 (un peu plus tôt que la date citée par Google).
Google n’est pas le seul à envisager l’énergie nucléaire comme source d’énergie pour les centres de données massifs. En septembre, Ars a fait état d’un projet de Microsoft visant à rouvrir la centrale nucléaire de Three Mile Island, en Pennsylvanie, pour répondre à certains de ses besoins en énergie. L’administration américaine s’intéresse elle aussi au nucléaire, en signant en juillet une loi bipartisane intitulée ADVANCE Act, dont l’objectif est de stimuler les nouvelles technologies de l’énergie nucléaire.
L’IA stimule la demande d’énergie nucléaire
D’une certaine manière, il serait intéressant que la demande de formation et d’exploitation de modèles d’IA gourmands en énergie, souvent critiqués pour leur gaspillage, finisse par donner le coup d’envoi d’une renaissance de l’énergie nucléaire qui aiderait à sevrer les États-Unis des combustibles fossiles et, à terme, à réduire l’impact du changement climatique mondial. Aujourd’hui, presque toutes les prises de position des grandes entreprises technologiques peuvent être considérées comme un jeu d’optique destiné à accroître la valeur actionnariale, mais c’est peut-être l’une des rares fois où les besoins des grandes entreprises s’alignent accidentellement sur les besoins de la planète.
Même d’un point de vue cynique, le partenariat entre Google et Kairos Power représente une étape vers le développement de l’énergie nucléaire de nouvelle génération en tant que source d’énergie ostensiblement propre (surtout si on la compare aux centrales à charbon). Alors que la demande énergétique mondiale ne cesse de croître, des collaborations comme celle-ci, ainsi que l’adoption de solutions telles que l’énergie solaire et éolienne, pourraient jouer un rôle clé dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Malgré ce potentiel, certains experts sont profondément sceptiques quant à l’accord Google-Kairos, suggérant que cette récente ruée vers le nucléaire pourrait aboutir à une appropriation de la production d’énergie propre par les grandes entreprises technologiques. Sasha Luccioni, responsable du climat et de l’IA chez Hugging Face, a écrit sur X : “Un pas de plus vers un monde de centrales nucléaires privées contrôlées par Big Tech pour alimenter le boom de l’IA générative. Au lieu de repenser la façon dont nous construisons et déployons ces systèmes en premier lieu.”
Jad MARCHI est un ardent défenseur de la technologie, passionné par son potentiel de transformation. Ayant accumulé une décennie d’expérience dans le secteur technologique, Jean a travaillé sur une variété de projets innovants qui l’ont amené à comprendre le paysage changeant de ce domaine. Il est fasciné par l’évolution rapide de la technologie et son impact sur notre société. Que ce soit l’intelligence artificielle, la robotique, la blockchain ou la cybersécurité, il est toujours à la recherche des dernières tendances. Ses articles cherchent à informer, à inspirer et à provoquer des réflexions sur la façon dont la technologie façonne notre avenir.